Quel sens prendre pour aller vite ?
On ne se méfie jamais assez des logiciels de traduction automatique. Il faut avouer que ces outils s'améliorent diablement depuis quelques années. Du coup, les étudiants qui présentent un travail en arabe... je ne sais pas vous, mais moi j'y regarderais de très près. Bon. Pour les travaux scolaires, ça passe. Tant bien que mal. Mais imaginons un journaliste qui céderait à la tentation et pomperait un article venu d'ailleurs. De nos jours, cela pourrait lui coûter sa place, sinon davantage ! Par exemple, si quelqu'un travaille comme journaliste dans un pays arabe du Golfe. Oui, le Golfe. Vous connaissez ! Il le passe à la machine et l'article sort en arabe. Formidable. Comme ça il peut regarder tranquillement le PSG se faire battre par Rennes. Seulement voilà, dans l'article l'auteur parle du Golfe... Persique ! Le logiciel est bête et traduit efficacement et donne الخليج الفارسي au lieu de الخليج العربي . Je ne sais pas quel gros mot prononcera notre journaliste rusé en son for intérieur quand on lui demandera des explications, mais on comprendra qu'il est en difficulté. Alors la question que je me pose, et elle est sérieuse, c'est : que prévoient ces logiciels pour ce genre de situations ? proposer systématiquement الخليج العربي الفارسي ? Cela risque de fâcher tout le monde. Je donne un autre exemple. En ce moment, en Libye, ça bouge pas mal. Il y a un personnage qui est qualifié par les uns de الجنرال المتقاعد et par les autres de المشير . Evidemment, ça change tout et révèle une adhésion à un camp ou au camp adverse. En cas de négligence, le licenciement est garanti. Encore un exemple : au Yémen, les termes tels que الجيش / الحكومة / وزير الخارجية / وزير الدفاع etc. sont utilisés par les deux camps. Que fait alors le logiciel pour savoir de quel camp il s'agit ? De quelle armée, de quel ministre ?
Un bon point quand même : même si l'on possède un logiciel qui a coûté une fortune, on aura toujours besoin d'un relecteur.
Ghalib Al-Hakkak
16 mai 2019
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